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Rêveur,sculpteur, conteur, auteur, dessinateur, animateur, reconstituteur amateur

jeudi 30 mai 2013

Les beaux balais des monts D'arrée

J'ai lu dans le petit parisien de la semaine dernière qu’un promoteur immobilier avait fait une étrange découverte lors de la visite d’une ancienne demeure qu’il souhaitait acheter.
Si vous le voulez bien je vous propose de percer ce mystère dont l'histoire commence au siècle dernier dans les monts d’Arrée.
La vieille Soize n'était pas riche, elle habitait un vieux penty du côté de Botmeur. Il faut vous dire que depuis la mort de son mari la vie n’était pas facile. Pour vivre elle parcourait la lande la serpe à la main faisant des fagots de genêts et le soir à la lueur de la cheminée elle confectionnait des balais qu’elle vendait sur les foires et marchés.
Ce jour là ! Elle était partie vers le Yeun Ellez, près des tourbières, là où les genêts sont les plus souples, plus droits, plus grands. Son fagot sur les épaules elle s’apprêtait à rentrer chez elle quand soudain ! Elle a entendu un cri, un cri terrifiant, un appel au secours. Alors vite elle s’est précipitée vers le marécage et là ce qu’elle a vu, c'était une fillette qui se débattait dans la fange gluante qui dans un horrible gargouillis l’avalait doucement. alors n'écoutant que son courage la vieille avait jeté devant elle son fagot de genêts et s’était allongée sur les branches puis, mètre par mètre, centimètre par centimètre elle avait rampé jusqu’à l’enfant dont la tête dépassait à peine et dans un dernier effort elle avait elle avait tendu son bras maigre et agrippé la gamine, juste à temps ! Juste à temps… C’est alors qu’était apparu un groupe d’hommes, c’était ceux du village d’à côté accompagnés d’une belle dame. Rapidement ils avaient fait la chaîne et hissés sur la terre ferme la vieille et son précieux fardeau.
Soize et l'enfant furent transportés à bras jusqu'à la maison du maire de Botmeur , on alluma un feu et pendant qu’un médecin s’occupait de l’enfant on installa la vieille devant la cheminée pour la réchauffer, elle eut même droit à un verre de cherry.
Il faut que je vous dise que la dame dont Soize avait sauvé l’enfant était la femme d’un riche industriel parisien en vacance à Huelgoat, cette dame accompagnée de sa fille et de son équipage s’était aventurée dans nos montagnes pour y prendre un déjeuner sur l’herbe et c’est là, profitant d’un moment d’inattention que la gamine à la poursuite de je ne sais quel papillon avait quitté la troupe et s’était perdue vers les marais. Vous connaissez la suite.
Pleine de reconnaissance pour celle qui avait sauvé son enfant la dame voulu récompenser Soize mais celle-ci refusa non ! C'était normal, et puis elle n'était pas une mendiante, si elle voulait lui donner de l'argent elle n'avait qu'à lui acheter un de ses balais, un beau balai des monts d'Arrée . C'est que fit la dame, bien que fort désappointée qu'on lui refuse une pareille somme.
Quelques mois plus tard une grosse voiture s’arrêta devant le penty de Soize c’était un homme, envoyé disait-il par la Dame dont elle avait sauvé la fille.
-Madame votre balai fait bien des envieux. Dans la capitale personne n'en n'a de pareil, si pratique et si beau. A tel point que tout le monde en réclame et que l'on m'a demandé de venir vous passer commande de quelques exemplaires.
Ah ! ces parisiens dans le fond ils n'étaient pas si fou que cela il se rendaient bien compte qu'un balais des mont d'Arrée ça pouvais faire aussi bien que tous ces balais en coco des îles et pour bien moins cher . L'homme reparti le jour même avec une dizaine de balais dans son automobile. Mais le mois suivant Soize reçut un courrier , il fallait d'autres balais, les parisiens se les arrachaient. Et c'est comme ça que tous les mois on vit la vieille Soise porter à la gare sa production de balais. Elle ne courait plus les marché et vivait confortablement de sa petite production. Dans tout le pays on la respectait pensez donc elle qui faisait dans l'exportation.
Elle mourut un jour de sa belle mort et mon histoire pourrait s'arrêter là si, je n'avais pas lu dans le petit parisien de la semaine dernière, qu'un promoteur ayant acheté dans la capitale une ancienne maison de maitre avait fait lors de sa visite une étonnante découverte. Dans la cave, dans les greniers et dans les dépendances partout bien rangés par paquets de dix, des balais, des centaines de balais de genets, des beaux balais des monts d'Arrée.
 

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